International: Groenland, Italie, Espagne : de nouveaux sites du patrimoine mondial de l'Unesco
1 La Médina Azahara près de Cordoue
La Médina Azahara, cité
califale des Xe et XIe siècles proche de Cordoue dans le sud de l'Espagne :
construite à partir de l'an 936, cette cité est avec l'Alhambra de Grenade, la
mosquée de Cordoue et l'Alcazar de Séville -tous trois déjà classés- l'un des
joyaux hérités des près de huit siècles d'Al-Andalus, quand les musulmans
gouvernaient dans la péninsule ibérique du VIIIe au XVe siècle.
Le site "apporte une
connaissance approfondie de la civilisation islamique occidentale d'Al-Andalus,
aujourd'hui disparue, au sommet de sa splendeur", justifie l'Unesco dans
un communiqué. La Médina Azahara, de l'arabe Madinat al-Zahra ("la ville
brillante"), est un héritage du califat de Cordoue (Xe et XIe siècles). Sa
construction a débuté sept ans après que l'émir Abd al-Rahman III s'autoproclama
calife en 929. La cité aurait selon la légende été nommée en l'honneur de sa
femme favorite, Azahara.
Mais pour les historiens, il
s'agissait davantage de démontrer sa puissance face au califat de Bagdad, où
régnait la dynastie abbasside qui avait au VIIIe siècle massacré les ancêtres
d'Abd al-Rahman, les califes omeyyades de Damas. La ville, entourée de
murailles, se trouve à huit kilomètres de Cordoue et sa célèbre mosquée a été
transformée en cathédrale après la reconquête de la ville par les rois
catholiques au XIIIe siècle. Elle servait de résidence à la cour, qui y
organisait de somptueuses fêtes et y recevait les ambassadeurs étrangers, et
hébergeait également des bureaux administratifs, des appartements et des
jardins. La médina a toutefois fonctionné pendant moins d'un siècle, détruite
par les guerres qui mirent fin au califat de Cordoue au début du XIe siècle.
Les vestiges, oubliés pendant près de mille ans, n'ont été redécouverts qu'au
début du XXe siècle.
2 La cité industrielle Olivetti de la ville italienne d'Ivrea
Située dans la région du
Piémont, le site est constitué d'une grande usine, des bâtiments administratifs
ainsi que des édifices consacrés aux services sociaux et au logement imaginés
entre 1930 et 1960 par le célèbre entrepreneur, ingénieur et politicien italien
Adriano Olivetti (1901-1960).
Il devient le 54e site
italien inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. "Conçu par des
urbanistes et des architectes italiens de premier plan, cet ensemble
architectural reflète les idées du Mouvement communautaire (Movimento
Comunità)", explique l'Unesco dans un communiqué. "Projet social
exemplaire, Ivrea exprime une vision moderne de la relation entre la production
manufacturière et l'architecture", ajoute l'agence. Fils du fondateur de
la société italienne Olivetti, Camille Olivetti (1868-1943), Adriano Olivetti
avait fait de l'entreprise de matériel de bureau un leader mondial au milieu du
XXe siècle. Elle a été rachetée en 2003 par le groupe de télécommunications
Telecom Italia.
La recherche et
l'expérimentation étaient une priorité pour Adriano Olivetti qui cherchait à
harmoniser le développement industriel avec le respect des droits de la
personne et avec la démocratie participative, tant à l'extérieur qu'au sein de
son entreprise.
3 Une zone de chasse inuit groenlandaise
Les terres de chasse inuites
d'Aasivissuit-Nipisat au Groenland : au nord du cercle arctique, elles
"couvrent une superficie de plus de 4.000 km2 (...) comprennent des zones
rurales, des lacs, un fjord et une partie de la calotte glaciaire", a
expliqué un communiqué des Monuments historiques danois.
C'est la troisième
inscription d'un site groenlandais sur la liste du patrimoine mondial de
l'Unesco. Le Groenland - littéralement "terre verte" en danois - est
bordé aux trois quarts par les eaux de l'océan Arctique et recouverte à 85% de
glace. Les 55.000 habitants de ce territoire autonome danois sont à plus de 90%
des Inuits venus d'Asie centrale. Le réchauffement climatique bouleverse leur
culture traditionnelle et précipite l'exode rural vers les quelques villes.
L'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco apporte "une grande
reconnaissance internationale de la beauté de la nature que nous avons, et de
la culture qui y est attachée", s'est félicité la ministre groenlandaise
de la Culture Vivian Motzfeldt, citée dans le communiqué.
Le site
d'Aasivissuit-Nipisat contient des vestiges de 4.200 ans d'histoire humaine
notamment des gisements archéologiques des cultures paléo-inuite et inuite, a
souligné l'Unesco dans un communiqué.
"Les populations ont
façonné un paysage culturel fondé sur la chasse aux animaux marins et
terrestres, les modes saisonniers de migration et un patrimoine culturel
immatériel riche et préservé, lié notamment au climat, à la navigation ou à la
médecine", est-il précisé.
Reportée : la candidature
des sites de la Grande guerre
L'examen de la candidature
franco-belge pour l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco des sites
funéraires et mémoriels de la Grande guerre a été repoussé à 2021. "Ce
report n'est pas dû à un problème de notre dossier, c'est une question de
thématique, car la thématique mémorielle est nouvelle", a indiqué à l'AFP
Marie-Madeleine Damien, secrétaire générale de l'association "Paysages et
sites de mémoire de la Grande guerre", présente à Bahrein
Cette demande de classement
au patrimoine mondial de l'Unesco concerne 139 cimetières militaires, nécropoles
et monuments commémoratifs en Belgique et en France, dont la Porte de Menin à
Ypres en Belgique, le mémorial canadien de Vimy (Pas-de-Calais), la nécropole
de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais) ou encore les sites de la bataille de
Verdun. A la suite de cette décision de l'Unesco, le centre Simon Wiesenthal de
lutte contre l'antisémitisme et le racisme a souligné dans un communiqué,
"craindre que dans les cimetières, qui ont aussi servi de champs de
bataille pendant la Seconde guerre mondiale, des meurtriers nazis puissent être
honorés dans des cimetières communs avec des unités alliées ou qu'il y ait des
mémoriaux, qui servent actuellement comme lieux de culte pour des
néo-nazis". "Le centre Wiesenthal s'assurera qu'aucun criminel de guerre
nazi ne figure jamais parmi ceux qui sont honorés", affirme-t-il.
Par Madaliou Radio (avec
AFP)
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